La Fep-CFDT s’est opposée au choc des savoirs lors du Conseil supérieur de l’éducation du jeudi 8 février 2024 à travers sa déclaration liminaire, ses votes « contre » tous les textes, ses amendements et ses interventions.
La Fep-CFDT et le Sgen-CFDT (enseignement public) ont travaillé ensemble et rejeté sans ambiguïté le choc des savoirs.
Dans sa déclaration liminaire, la Fep « demande l’abandon total et immédiat des mesures « Choc des savoirs » et réclame une vraie concertation sur le système éducatif, avec tous les acteurs impliqués, afin de favoriser la réussite de chaque élève ». Elle défend en effet un « service public d’éducation de qualité soucieux du progrès de tous les élèves, afin de préserver [les] collègues d’une surcharge de travail inutile ». Elle s’étonne de la facilité qu’offrent les textes sur le redoublement alors qu’on le sait inefficace. Elle dénonce la mise en place de la classe préparatoire seconde qui, étant obligatoire pour les élèves ayant échoué au DNB, est le « comble de la stigmatisation des élèves, d’autant que le brevet s’avérera plus difficile à obtenir avec 60% d’évaluation terminale. Les effets pervers sont prévisibles : renoncer à contre-cœur à une seconde ou aller dans le hors-contrat ».
Sur la labellisation des manuels, la Fep estime qu’une « une ligne rouge (…) a été franchie. D’une part, cette mesure remet en cause la liberté pédagogique. D’autre part, elle insinue que l’enseignant est incapable de choisir le manuel adapté à ses élèves ou les supports pédagogiques les plus adaptés pour les faire progresser ». Sa critique la plus longue fut celle envers les groupes de niveau en français et mathématiques au collège. « Près d’un tiers des heures de cours des collégiens seront réservées aux groupes de niveau. Comment comprendre de telles décisions alors qu’elles sont en parfaite contradiction avec les résultats des recherches ? Faute d’heures, comment ces groupes de niveaux pourraient-ils être évolutifs ? Comment éviter que certains groupes ne se retrouvent surchargés ? ». Ces groupes ne conduiront qu’à renforcer les écarts de niveau entre les élèves les plus fragiles et ceux en réussite. Un tel système à deux vitesses remet en cause le collège unique.
(Lire l’intégralité de la déclaration ICI)
De son côté, le Sgen-CFDT remet en cause les justifications gouvernementales de ces réformes. 80% des enseignants sont favorables aux groupes de besoin et non de niveau. De plus, les manuels sont utilisés à 90% par les collègues de CP. « Avec le choc des savoirs c’est une forme de séparatisme qui se met en place dans les collèges et c’est pour cela que nous n’en voulons pas ».
(Lire l’intégralité de la déclaration ICI)
PLUSIEURS TEXTES INTERSYNDICAUX REJETÉS PAR L’ADMINISTRATION
Dans un deuxième temps, la Fep-CFDT et le Sgen-CFDT se sont exprimés dans des textes intersyndicaux. Le premier texte demandait l’abandon immédiat du « choc des savoirs » qui est « inspiré d’un modèle d’école passéiste et conservateur, [posant] les bases d’une école du tri social ». Elle dégrade les conditions de travail, désorganise les collèges, remet en cause la liberté pédagogique, diminue le volume horaire de certaines matières. Le deuxième texte, porté par le Collectif éducation contre les LGBTIphobies, demandait que le doublement de l’EMC et les « éducations à » (médias, développement durable, citoyenneté) soient inscrits dans des grilles horaires. Il demandait aussi la mention de l’éducation à la sexualité et à la vie affective dans les textes. Le troisième texte concernait le devoir d’assistance à personne en danger s’appliquant aux personnels et usagers des écoles et établissements scolaires. Les personnels et les parents d’élèves qui contribuent par leurs œuvres humanitaires à la mise à l’abri des élèves et leur famille sans toit ne devraient pas être inquiétés par la justice.
Si ces trois textes ont été rejetés par l’administration, ils ont reçu l’approbation de tous les syndicats présents.
LA FEP ET LE SGEN, FORCE DE PROPOSITION
La Fep et le Sgen ont malgré tout déposé 5 amendements et se sont joints à deux amendements à l’initiative de la FSU.
Concernant les groupes de niveau, la Fep et le Sgen ont proposé qu’ils ne soient pas sur « tous les horaires » de français et de mathématiques, mais seulement « sur une partie de l’horaire », afin de s’adapter avec souplesse aux besoins des élèves, sous couvert de l’autonomie de l’établissement. Cela suppose que les équipes se concertent, d’où une demande de minoration du service. Malgré le soutien officiel de la FSU et le vote à 92 % des suffrages exprimés, le ministère a rejeté cette proposition.
La Fep et le Sgen ont proposé également de supprimer la mention « dont 30 minutes d’enseignement moral et civique » dans les horaires hebdomadaires d’histoire-géographie-EMC. Pour eux, « cette prescription contraint l’organisation des enseignants en limitant leur liberté pédagogique. Les collègues mettent en œuvre les programmes en découpant leurs séances en fonction des besoins à l’intérieur de l’horaire d’histoire-géographie-EMC. Un format de 30 minutes n’est pas approprié ». Cet amendement a été fusionné avec celui de la FSU qui avait la même proposition. Malgré un soutien à 100 % des suffrages exprimés, le ministère a là encore refusé.
La Fep et le Sgen ont demandé aussi de réintégrer l’heure de technologie en 6e dans un amendement intersyndical avec la FSU et l’Unsa, ainsi que de supprimer la labellisation des manuels dans un autre amendement intersyndical. Si les deux propositions ont reçu 100% des suffrages exprimés, le ministère les a aussi refusés.
Maigre consolation : les textes stipulaient que les projets d’EMC « pouvaient donner lieu » à des heures d’enseignement dédiées, dans la limite de 18 heures annuelles. Dorénavant, ils « donneront lieu » grâce à la proposition de la Fep et du Sgen. C’est le seul des 60 amendements à avoir été accepté par la DGESCO.
Le Conseil Supérieur de l’Education vote « Contre » les groupes de niveau