Lundi 26 février, la Fep-CFDT a été conviée par le Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République à venir parler formation laïcité dans l’Enseignement catholique. On est encore loin du compte.
Depuis quelques mois, le Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République mène un travail de recension et d’analyse des formations à la laïcité dont bénéficient les personnels de l’Éducation nationale et de l’enseignement privé sous contrat. C’est dans ce cadre qu’un groupe de travail a recueilli l’avis de la Fep-CFDT sur l’organisation et le déroulement des formations dispensées dans le réseau catholique. D’autres syndicats, ainsi que le Secrétariat général de l’enseignement catholique (Sgec), ont aussi été conviés à des audiences.
Un nombre de formations très insuffisant
Selon les textes, chaque agent de droit public doit être formé à la laïcité avant 2026. Cela concerne donc les enseignants et enseignantes des établissements privés sous contrat. La Fep-CFDT considère que seuls 1 500 collègues ont reçu une formation, ce qui représente 1% du total des personnels concernés. Le Conseil des sages a confirmé ces chiffres transmis par le Sgec. Les freins au déploiement des formations sont multiples. Le fait que le Secrétariat général de l’Enseignement catholique n’en fasse pas une priorité, prétextant le retard pris pour ces formations dans le public, joue pour beaucoup. De plus, celles-ci doivent être dispensées par établissement ou groupe d’établissements. Or, un nombre important de directions traîne à les mettre en place pour des motifs souvent fallacieux : elles ne les estiment pas prioritaires, pensent n’en avoir pas besoin, se considèrent comme spécialistes de la liberté de conscience et du religieux, pensent que le défaut de mixité dans leurs écoles ne peut engendrer de problème lié à la laïcité (sic). Les organisations professionnelles de chef·fe·s d’établissement contestent aussi le caractère obligatoire de ces formations. Et trop peu de diocèses poussent pour qu’elles soient mises en œuvre. Enfin, il faut noter que le nombre de formateurs et formatrices à la laïcité est nettement insuffisant. Sur les 250 personnes inscrites pour le devenir, 150 seulement sont parvenues au terme du parcours. Cela s’explique notamment parce que le dispositif de formation ne permettait pas aux sessionnaires d’être suffisamment aguerri·e·s pour aborder un tel sujet, souvent sensible.
Opacité du contenu des formations
La Fep-CFDT a mentionné nombre de ses inquiétudes quant au contenu des formations laïcité, souvent opaque. Certaines ont fait réagir le Conseil des sages, comme la référence centrale qui est faite au caractère propre dans tous les modules de formation. Cette audition a aussi été l’occasion pour la Fep d’informer les sages des « coups de canif » portés au statut d’agents de la fonction publique des enseignants et enseignantes du privé sous contrat. Les pressions exercées sur les professeur·e·s pour qu’elles et ils assurent la 28e heure, en premier degré, ou participent aux temps religieux en sont des exemples.
Par ailleurs, la Fep-CFDT a fait état de ses questionnements quant au statut de certains formateurs et formatrices. Un tiers d’entre elles et eux exercent en effet une mission en lien avec l’Église, le diocèse : c’est le cas pour les chef·fe·s d’établissement, les prêtres, les adjoint·e·s en pastorale. Et la plupart des autres sont choisi·e·s dans le sérail par des délégué·e·s de tutelles ou des directeurs diocésains et directrices diocésaines. Par ailleurs, certains organismes de formation congréganistes proposent ces formations.
Les points de vigilance abordés par la Fep-CFDT lors de cette audition font écho au travail qu’elle mène dans le groupe laïcité de l’Enseignement catholique. Elle s’y penche en effet plus particulièrement sur l’axe 3, qui concerne la façon dont cette instance entend répondre à l’exigence de laïcité. Pour la Fep, il n’y a pas d’autres conceptions possibles de cette valeur que républicaine, et pas de façon qui serait propre à l’Enseignement catholique de la transmettre. C’est ce qu’elle s’emploie à rappeler dans ce groupe de travail.