Le 15 décembre, la réunion du comité de suivi de la transformation de la voie professionnelle, la 2e de l’année, a été l’occasion d’aborder différents points d’actualité, les dernières données statistiques de cette rentrée et les campus des métiers.
Le ministère de l’Éducation nationale tient à communiquer sur la voie professionnelle pour promouvoir cette « voie de l’excellence ». Cette communication s’étoffe par la mise en valeur des chefs-d’œuvre au travers du concours de la fondation Colbert et « des chefs-d’œuvre de la République », qui ont permis de valoriser ces nouvelles pratiques pédagogiques. Et toujours dans l’idée de rendre la voie pro plus visible, « la semaine des LP », qui s’est déroulée du 6 au 10 décembre, a été, selon les remontées académiques, une belle réussite.
Cette présentation idéalisée d’une réforme accomplie et émancipatrice ne doit pas cacher la réalité vécue par les enseignant·es. D’où l’intervention de la Fep-CFDT qui a évoqué l’enquête de rentrée dans laquelle les adhérent·es ont majoritairement exprimé leur insatisfaction face à cette réforme, estimant qu’elle a modifié leurs conditions de travail. Cela a également été l’occasion pour la Fep de rappeler au ministère la nécessité, urgente, de lever le flou juridique autour de la pratique de la mixité des publics dans les établissements privés sous contrat.
Statistiques de la Depp
La présentation des dernières données statistiques de la Depp (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) nous informe que les effectifs en lycées professionnels (publics et privés sous contrat) ont baissé de 11 000 élèves (-1,7 %) par rapport à la rentrée de 2020. Cela s’expliquerait par une sortie en cours de formation plus importante et une baisse du taux de passage en 3e, due à une orientation « hors ministère de l’Éducation nationale » (privé hors contrat, enseignement agricole et apprentissage).
À noter également l’augmentation des effectifs Ulis (Unités localisées pour l’inclusion scolaire) qui se poursuit, avec 800 de plus en 2020 et 600 en 2021.
Les campus des métiers
Dans le cadre du Programme d’investissement d’avenir (Pia), 46 campus des métiers ont, à ce jour, été créés et c’est environ 200 millions d’euros qui les ont financés. Les idées et l’argent expliquent sans doute la réussite de ces « Harvard du pro » qui regroupent un ensemble de partenaires : lycées professionnels, CFA (Centres de formation d’apprentis), collectivités territoriales, universités et entreprises.
Ces « campus de l’excellence » devraient se développer puisque, si l’objectif du ministre J.-M. Blanquer était la création de 50 campus, le souhait du président de la République est de s’enorgueillir, sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultra-marin, d’une cinquantaine supplémentaire. Le Pia prévoit une enveloppe de 2 milliards d’euros sur 5 ans, ce qui permettra de financer des projets innovants comme ces « campus de l’excellence », centrés sur des secteurs d’activités tels la santé, l’hydrogène, l’espace ou le nucléaire.
Si l’idée de ces « Harvard du pro » est de répondre aux besoins des acteurs économiques locaux et aux défis à venir, il ne faut pas oublier que ces campus touchent seulement 20 % des effectifs des LP et que ces investissements ne doivent pas créer des « niches du pro » en paupérisant et en marginalisant la grande majorité de la voie professionnelle.
